Quaero ou l'Europe des projets foireux

Quaero Chirac« Ah la France! », pourrait-on s’exclamer. Sa Tour Eiffel, ses fromages, et son futur moteur de recherche – pardon – sa future participation dans un moteur de recherche européen.

Puisque l’Europe n’avance plus, certains trouvent de bon ton de créer une (petite) Europe des (petits) projets qui finissent parfois par devenir grands… bides nationaux!

J’avais souri à la lecture du discours de Jacques Chirac en avril 2005, qui lors d’un sommet franco-allemand, annonçait fièrement la mise en chantier d’un champion européen de la recherche sur internet pour « relever le défi mondial des géants américains Google et Yahoo », soit la naissance d’un Google made in the EU: Quaero. Microsoft et ses milliards de dollars n’ont jamais réussi à ébranler Google. Heureusement, Chiracix le Gaulois a la potion magique!

A l’époque, j’avais tempéré mon apriori défavorable par le fait que les Allemands soient de la partie, eux ne pouvant être accusés de chauvinisme ou de lubies mégalo. Deux ans plus tard, que reste-t-il? J’apprends ce matin que les industriels allemands se retirent du projet par un communiqué du gouvernement allemand. A la bonne heure! ll y avait donc bien une odeur de sapin… Odeur à peine atténuée par un communiqué français affirmant que le projet sera encore soutenu, côté allemand, par quelques universitaires. Ouf!

A moins que la France ne fasse vraiment cavalier seul et vende son projet franco-français en jouant à fond la « french touch ». Les prélogos circulant sur le web reprennent les codes couleurs du concurrent Google avec une loupe. La France pourrait par exemple garder cette loupe qui grossirait un célèbre village gaulois ou encore pointer un non moins fameux camembert Président Chirac. Ne nous faisons pas de souci sur la créativité des dirigeants français.

Le fait déplorable dans cette histoire n’est pas tant le budget de toute façon ridicule comparé à celui des mastodontes américains (Google, Yahoo et feu MSN) que la vanité et le leurre. Vanité de vouloir/croire se faire une place sur le web en arrivant 10 ans après tout le monde. Leurre en donnant une importance démesurée à Quaero comme pour mieux masquer les réformes européennes à faire! Mais Chirac fait fi d’une découverte tardive du « mulot » et rêve encore d’une « France en grand » sur le web.

Et les Allemands?

Le fait le plus étonnant est moins la propension française au chauvinisme sous toutes ses formes (France 24 fait référence en la matière) que la volte-face allemande. Les Deutsche Telekom et autre Bertelsmann se sont subitement retirés du projet Quaero sans raisons claires. Mais au lieu de simplement quitter le projet mort-né, ils ambitionnent de jouer aux gaulois lancer leur propre projet: Theseus! Envie de chauvinisme?

Heureusement, de part et d’autre du Rhin, des voix se font rassurantes: Quaero et Theseus seront complémentaires. Le premier sera spécialisé dans les recherches multimédia (photos et vidéos), le second dans les contenus textes. L’addition des deux existe déjà par ailleurs et s’appelle… Google!

Ne boudons pas notre plaisir. Après voila.fr, place à quaero.xxx! Car les domaines en .eu, .com et .fr sont déjà pris… Comme on aime faire l’apologie de la recherche européenne sans vouloir lui octroyer les fonds nécessaires, voilà un joli feu de joie qui va parfaitement dans le sens des campagnes des présidentiables français pour 2007. Oui à la recherche européenne (ou pas), mais gloire à la France!

L’Europe des projets, encore et toujours…

L’Europe politique moribonde a besoin de petits projets pour se maintenir sous perfusion. Voilà ce qu’on nous rabâche à Bruxelles et Paris. Attendra-t-on de voir tous ces projets capoter avant de sortir le matériel de réanimation constitutionnelle? J’ose l’espérer. Apparemment, le village gaulois, un peu dépassé techniquement, n’a pas cet équipement qui pourra sauver l’Europe.

Je ne parle là que de l’inutilité et de l’auto-suffisance de ce projet d’un point de vue européen. Plus généralement, Loic Le Meur a écrit un joli article sur le sujet: « Quaero: 10 raisons pour lesquelles le moteur de recherche franco-allemand va échouer« .

Pourvu que ça dure…

4 réflexions sur « Quaero ou l'Europe des projets foireux »

  1. Qu’attendre de l’Europe et, pire, de la Constitution européenne quand nous savons que les GOPE (Grandes Orientations de Politique Economiques) ne sont que des recommandations non contraignantes, en sachant que l’Euro-Groupe est complètement soumis à Econfin qui est soumis à la BCE qui est indépendante mais dont la doctrine de la « stabilité des prix doit permettre au marché libre de tendre au plein emploi et à la croissance »? Rien. Je ne fais que de citer les Articles du TCE et ses Protocoles. Cette Europe et cette Constitution promouvant des attributions saupoudrées à des Organes privilégie l’agitation intergouvernementale, dénie le fédéralisme et les souverainetés nationales. Cette Europe est un marché trop commun.

    http://www.renovezmaintenant67.eu/index.php?2006/12/20/198-constitution-europeenne-pas-d-eurogouvernance-mais-l-euro-groupe-au-service-de-la-bce

  2. Je ne répondrai pas aux délires gauchistes de mon camarade mais à l’article ou plutôt à son titre : pourquoi blâmer « l’Europe » pour les conneries franco-française (quoi qu’il en dise) de Chirac ? L’Union européenne n’a rien à voir dans toute cette histoire 🙂

  3. @Thomas
    Valéry reproche moins tes positions gauchistes que ton incapacité à savoir commenter un article en respectant strictement son sujet sans céder à tes propres lubies!

    Tu peux citer tous les liens au monde, tes interprétations et tes propos sont tiens. Enfin, pour rappel et c’est écrit noir sur blanc ci-contre: « Tout propos hors-sujet… sera supprimé sans préavis. » A bon entendeur…

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